(pour les nouveaux venus, critiques des anciens numéros: 2, 3, 4, 5 - le 1 n'existe pas)

La voilà enfin, la nouvelle formule maintes fois annoncée, conçue à partir du feedback des lecteurs et à temps pour Noël! Sauf que finalement, peu de choses changent au premier abord: le look du magazine est le même, les rubriques ont peu changé et oulà, Ghouls'n Ghosts est présenté sur la couverture comme ayant plusieurs goules mais un seul fantôme. On s'en fout, elle est vraiment belle, la couverture. On tourne la première page: deux éditos pour une passation de pouvoir, une deuxième correctrice qui ne change pas grand chose ("Splinter Cell 3 Chaos Théorie", hu hu hu), pas de pub' en deuxième de couverture, et Olivier Gilbert est toujours dans la liste des actionnaires (mais il est pas fauché pourtant?). Enfin, l'arrivée de la publicité est, euh... Ben en fait, il y en a toujours aussi peu. Il paraît qu'une régie publicitaire a été contactée (cf critique du GF4), mais on voit pourtant une invitation à contacter la rédaction pour louer la page 58... Avant de passer à la viande, dernière remarque sur la "première impression": le magazine devient de plus en plus difficile à trouver. Après avoir visité plusieurs maisons de la presse (non, je vis pas dans le Larzac) le jour de la sortie, les listings de livraison indiquaient tous que chaque établissement n'avait que deux exemplaires - quand ils y avaient droit, car nombreux sont les récits sur le forum officiel des gens qui n'arrivent tout simplement pas à le dénicher.

La première différence est flagrante: tout est plus long. Les rubriques passent à des formats 2, 4 ou 6 pages, pareil pour les tests et les dossiers. C'est vraiment agréable et on ne sent plus le texte "étriqué" écrit par un rédacteur qui n'a pas assez de place, ce dernier pouvant donc étoffer sa prose; on le voit tout de suite sur le dossier à propos des jeux musicaux (au fait, Dancing Stage Euromix a été vendu avec le tapis, contrairement à ce qu'on y lit) ou dans l'excellent Emergency Broadcast sur TV G@ME, une exposition passée inaperçue au milieu de l'été. Tout cela a un prix: les deux pages "GameHeure" de frédéric b(arre) passent à la trappe. Ce qui, vous l'avez deviné, est une phrase de liaison pour le Fred B du mois!
Ce mois-ci, faute de GameHeure, FB doit se contenter des News (partagées avec "Prince de Ouji", ah les ravages de Katamari Damacy) et du test de Metroid Prime 2 Echoes. Dans lequel il récupère ses captures d'écran sur le Net (comparez celle en page 49 avec ça, page 47 avec ça, le reste est trouvable dans le site ou les dossiers de presse Nintendo), nous dit que "le mal est partout, à 360° voire plus" (merci aux cours de géométrie de l'école primaire), et nous apprend que le dark beam est purificateur alors que le light beam est annihilateur (information que je n'ai pas pu vérifier puisque moi non plus, je ne vois pas les couleurs)... Petite baisse de régime, sûrement dûe à un petit virus en ce mois de décembre.
Pour les autres tests, on a un article original sur le tout aussi spécial et nouveau Made In Wario, un point de vue sur le jeu-qui-passerait-sinon-inaperçu (ce mois-ci, c'est Neo Contra, yay), un Asenka qui parvient à nous convaincre qu'un Dead or Alive est enfin digne d'intérêt (exploit), et un test de Halo 2, longue fellation de 4 pages qui laisse le lecteur interrogatif: si c'est si bien que ça, pourquoi il n'a pas eu 10/10? Et pourquoi les défauts rares mais bien présents du jeu ont été ignorés? Il n'empêche que la rubrique des tests de ce mois-ci est un bon guide d'achat de Noël, même s'il manque quelques gros titres (que des jeux EA en fait, pas besoin de les citer). Et enfin, c'est plus équilibré que les numéros précédents qui n'en avaient que pour la ps2.

En ce qui concerne la ligne rédactionnelle, on reste toujours dans un flou assez étrange. La rubrique "Techno Bazar" confine à l'incompréhensible, le "Journal d'Aliasaka" est toujours disert en blablatages inutiles (et sérieusement mec, passe à Firefox), on voit un quart des tests de DOAU ou Halo 2 rien que pour raconter les scénarios (qui n'en demandent pas tant pour des jeux pareils!)... GameFAN est-il pour les casual gamers ou les hardcore gamers? Il semble régulièrement tenter un impossible grand écart pour plaire aux deux audiences. Personnellement, je m'en tiens à ce que j'ai laissé transparaître en répondant au sondage: les publications pour M. Tout-Le-Monde ou M. J'ai-découvert-les-jeux-vidéo-avec-la-psx (généralement, le frère de Miss Final-Fantasy-VIII-est-le-meilleur-jeu-du-monde), y'en a plein les kiosques. Un magazine pour ceux qui lisent cette presse depuis Tilt et/ou ont découvert la masturbation avec Mai Shiranui, y'en a pas. GameFAN a un boulevard rien que pour lui dans ce marché; peut-être est-il temps de faire ce qui était annoncé dans l'édito du n°3 et définitivement larguer le public mainstream. Elitiste? Non: spécialisé.

Et pour tout ce qui est spécialisé dans ce numéro 6, j'ai adoré. La parodie des news de 1995 dans le magazine Rétro, l'analyse des moindres changements sur la conversion ps2 de KOF 2003, les catégories de chaque jeu dans Warp Revolution (Evangelion Girlfriend of Steel 2, genre: "kimochi warui" = crise de fou rire), la suite des articles de Captain Algeria sur les bornes d'arcade hétéroclites (j'arrive pas à te coincer, toi!)... Même le manga King of Gamers arrive enfin à bien taper dans le second degré. Je me demande quand même pourquoi il y a une censure sur certaines images et pas d'autres de la rubrique "Ecchi" (digne d'une couverture d' "Entrevue", avec des étoiles sur les lolos des madames); j'ai été le seul à regarder les pages licencieuses de Micro News 15 ans plus tôt?
Malgré tout, c'est toujours dingue que beaucoup d'informations soient prises sans vergogne sur le Net et que presque personne ne cite ses sources dans GameFAN; il y a tellement peu d'adresses Web qu'on croirait lire une publication du milieu des années 90. Pas un mot sur le site officiel (son adresse est à peine visible dans l'ours et à la dernière page), rien à se mettre sur la dent à l'intérieur de chaque rubrique si on cherche davantage d'infos sur un domaine ou un jeu précis, pas de sites d'import...
En conclusion, GameFAN 6 n'est pas une nouvelle formule mais une amélioration franche de l'ensemble du magazine. Il ne lâche pas les anglicismes à outrance pour autant, il devient difficile à trouver, il ne s'achète pas une conscience journalistique non plus (merci au sous-entendu manifeste sur la mort "prochaine" de la GameCube dans la news de ChibiRobo en page 8), les rédacteurs ne se font toujours pas planter des clous sous les ongles à chaque faute de conjugaison (dommage), mais il atteint une qualité suffisante pour mes exigeants critères d'éditorialiste frustré. Donc ça y est, maintenant je peux l'écrire: achetez GameFAN 6, c'est du bon!