Dès la première séance pour le jour d'ouverture, j'étais au ciné pour aller voir Hellboy. Allez-y sans crainte, c'est du tout bon.
Sûrement que bon ombre d'entre vous ne connaissent pas le comic book éponyme, d'où une utile et plaisante séance de rattrapage avec quelques épisodes gratos répandus sur le Net. C'est beaucoup plus jeune que du Spider-Man ou du X Men (une dizaine d'années d'existence) mais c'est aussi plus sombre, "moins commercial" diront certains. La preuve avec un résumé à l'emporte-pièce: c'est un démon (au design qui a inspiré le Grand Cornu dans Dungeon Keeper) qui est invoqué par des nazis mais récupéré par le FBI, qui en fait un agent pour combattre les forces du Mal. Si on fait la check-list de ce qui doit être dans une oeuvre pour qu'elle soit cool - fut-elle vidéoludique, cinématographique ou autre -, nous avons donc: nazis, FBI, démons (avec bonus pour Cthulhu qui se tape l'incruste), une fille qui balance des flammes. Il ne manque que des ninjas pour atteindre le jackpot; on se contentera d'un type qui se balade en spandex noir et qui joue du couteau.

HB n'est sûrement pas la première BD qui viendrait à l'esprit pour être adaptée au cinéma. Les éditions Dark Horse doivent sûrement profiter de la brèche ouverte par Marvel qui envoie tous ses super-héros avec un résultat tout relatif (en haut: X Men, en bas: DareDevil). Souvenez-vous que le PDG actuel de Marvel était l'ancien directeur de la communication, qui il y a une dizaine d'années, avait décidé de sauver la maison en licenciant à tout va: ça a commencé avec les jeux vidéo Capcom (X Men VS Street Fighter!) et plus un été ne passe sans qu'on ait un de leurs persos qui met un slip par-dessus son pantalon dans une salle obscure (sous-entendu involontaire).
Cette version cinéma d'Hellboy est un peu le LXG que nous n'avons pas eu. Merde, je parle encore d'un comic-book méconnu. La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est un délire de science-fiction steampunk où des héros de la littérature anglaise(Dorian Gray, Dr Jekyll, l'homme invisible...) unissent leurs forces, pondu par celui qui a fait le très épais et documenté From Hell, qui lui aussi n'a pas eu trop de chance sur le grand écran. La Ligue... avait donc une ambiance un peu plus intellectuelle et sombre que le super-héros à collants; Hellboy a un look qui fait penser que les années 40 ne se sont jamais arrêtées.
Le résultat est donc jouissif. Ca prend son temps - la France et le Japon ont droit à un Director's Cut avec plus de scènes sur les persos -, les bastons sont lisibles, et l'univers est aussi noir et classieux que dans la BD. C'est même drôle: Hellboy vit dans un monde où il est une légende urbaine, qui génère des comics sur ses aventures. Sans parler de l'idée de génie de n'en faire une créature de synthèse que lorsque c'est véritablement nécessaire: le reste du temps, il est incarné par un vrai acteur - vous devez me comprendre si vous aussi vous avez mal vu la digitalisation complète de Yoda dans Episode 2. Autre joie: le succès inattendu du film fait bouger les choses, entre un deuxième épisode et un anime en provenance de, roulement de tambours, Gonzo Digimation, yeah! Bonheur corrolaire: n'ayant pas été prévu pour avoir une suite, Hellboy est un film qui se suffit à lui-même et n'est donc pas une de ces trilogies annoncées où l'on paie virtuellement trois fois pour suivre la même histoire (qui a dit Matrix?). Du coup, c'est compact, on s'ennuie pas et on ne ressort pas avec une migraine dûe à une overdose d'effets spéciaux. Excellent!