On va commencer par une tranche de vie, chose que je hais pourtant dans cette colonne. Alors voilà: c'est mon copain Ashtear qui vient m'emprunter des manettes SNES, et en échange il me prête le premier volume de Gantz:
moi (feuillette rapidement la chose): Wah, y'a une fille toute nue et avec des gros seins!
Ashtear: T'es bien tombé, reviens quelques pages plus tôt pour voir comment elle arrive...
moi (qui tourne donc les pages vers la droite, sens de lecture original oblige): Beuuuarrrk.

Gantz, ça commence avec deux ados qui ont une rencontre un peu violente avec une rame de métro. Au lieu de mourir comme c'est généralement prévu dans le contrat, ils se retrouvent téléportés dans un appartement verrouillé avec quelques personnes nipponnes qui n'ont rien en commun (Yakuza, instit', homme politique...). Ouais, un peu comme dans le film Cube. Une demoiselle relativement nue et tankée les rejoint: elle arrive par rondelles - on voit la chair et les os, pas très ragoûtant - puis s'ensuit un de ces dialogues "c'est pour la caméra cachée" entre les persos. Sauf qu'une machine sphérique leur refile des armes, une cible - un homme-poireau - et les renvoie dans Tokyo. Je sais, expliqué comme ça c'est vraiment dingue.
D'où le parralèle entre Battle Royale (non, pas le 2 tout pourri, le premier tout génial) pour les anonymes surarmés et au but imposé - ils ont même une zone délimitée que leur tête elle fait boum s'ils en sortent-, et Men In Black (oui, les deux films tout pourris) pour les sortes d'extraterrestres qu'ils doivent se farcir et l'équipement très SF. En tout cas, BR est vraiment très présent tout le long de la lecture. Le ton est assez adulte avec ses éviscérations en folie et la sexualité qui reparaît dans les volumes suivants; dans celui-ci, la fille aussitôt arrivée manque de se faire violer par un yakuza.

Techniquement, on aime ou on déteste: c'est massivement fait à l'ordinateur. Les arrière-plans et certains objets comme les armes sont créés à partir de modèles 3D, le tramage passe par Photoshop, etc. Je sais que j'aurais hurlé au sacrilège devant ça il y a quelques années, mais j'ai fini par être séduit; en fait, c'est un peu la faute à Yui Toshiki. Le design des persos, franchement propret, fait énormément penser à Hiroyuki Asada ("I'll", ou le basketball manga sans allusions homoérotiques), les gros seins en plus.
En attendant de lire plus attentivement la suite, Gantz m'a tout l'air d'une recette déjà goûtée dans le passé - même qu'il y avait Takeshi Kitano dedans. Si vous n'êtes pas dégoûtés par le style graphique et que vous ne lisez pas déjà le manga de Battle Royale, il y a peut-être quelque chose à gratter - parce que bon, avec le volume à 9€ (éditions Tonkam, cher!), faut quand même être plus sévère à la sélection...