C'est l'histoire d'un studio d'animation japonais qui s'appelle Bee Train. Mais si, vous les connaissez, c'est eux qui obtenu une renommée internationale avec Noir - anime génial pendant 10 épisodes, chiant pendant 10 autres, et bâclé sur les 6 derniers. Yuki Kajiura est quasiment devenue leur compositrice attitrée, enchaînant ses mélodies de biniou celtique et des choeurs qui essaient de prononcer quelque chose alors qu'on entend que des "ayïïïayïïï" enroués pour la musique - entre autres, le projet dot hack (.hack//SIGN, //Liminality, //Dusk, //Infection, //Sphincter et j'en passe).
Je garde quand même dot hack dans la tête comme étant une grande déception; le but du jeu, si vous me permettez l'expression, était de raconter un MMORPG à travers les points de vue de plusieurs groupes de joueurs - qu'il s'agisse de leur vie réelle ou virtuelle - via plusieurs médias: anime (série TV et OAVs), jeu vidéo et manga. Ainsi, des jeunes gens enquêtaient sur la société pas très nette à l'origine du jeu, d'autres se demandaient pourquoi l'un d'entre eux ne pouvait pas se déconnecter ou s'était carrément retrouvé à l'hosto après avoir joué.... La trame de fond ainsi brossée au fur et à mesure que l'on suivait l'histoire devenait complexe à souhait - et franchement bordélique. dot hack a rapidement saturé mon crâne pourtant habitué aux scénarii tordus en enchaînant fausses pistes à répétition et persos pas très perspicaces. Si vous voulez suivre des histoires qui tirent superbement profit de l'univers des MMORPG, regardez Avalon ou lisez l'arc "Greed Island" de Hunter X Hunter - qui vient de se terminer avec le volume fraîchement paru sous nos latitudes.
Puis Bee Train a sorti Avenger, qui est passé en coup de vent dans l'éditotaku.

Et voilà leur dernière production: Madlax. 13 épisodes dont la diffusion vient de s'achever... pour en dévoiler 13 autres. Mauvaise nouvelle: comme pour Aishiteruze Baby, ils peuvent se les coller au fond à droite. Bonne nouvelle: si vous êtes scénariste, vous pouvez envoyer une candidature spontanée à Bee Train; parce qu'apparemment, c'est toujours mon arrière-grand-oncle Amédée qui invente leurs histoires entre une dose de Prozac et ses séances de méditation où il se concentre sur les gouttes d'urine qui tombent dans son sac rénal transparent.
Premier épisode: on suit une jeune femme blonde qui commence sa journée en sautant d'un hélicoptère vers une jungle pleine de résistants face au régime dictatorial du méchant Général Costra (c'est pas une coquille: c'est bien Costra et pas Castro). On ne la connaît que par son nom de code - Madlax - et par ses capacités de tueuse qui peut flinguer plein de soldats les yeux fermés. Précisons qu'elle est fringuée en treillis et bottes, pendant l'épisode, mais que lorsque ça commence à cartonner, elle prend le temps de se changer pour porter une robe de soirée. Je ne plaisante pas: elle se fait un tank et un hélico ainsi attifée - l'hélico, elle tire dessus sans viser en tenant la mitrailleuse comme s'il s'agissait d'une peluche. Vraiment. Cette scène de combat - ainsi que la plupart qui suivent dans Madlax - n'avait de cesse de me faire penser à une phrase lue dans un Télérama il y a fort longtemps. A l'époque, le studio Ghibli était inconnu en France et l'hebdo s'en donnait à coeur joie sur les "japoniaiseries" racistes et ultra-violentes. Et la critique de Tokyo Babylone (issu du studio Clamp, narrant une histoire qu'on place volontiers avant X 1999) se terminait avec quelque chose comme: "Tokyo Babylone, c'est Candy qui dégomme ses ennemis avec un Uzi avant s'en aller en fredonnant une comptine". Si quelqu'un a la citation exacte, il est mon invité dans les commentaires; toujours est-il que la baston selon Madlax correspond parfaitement à Tokyo Babylone selon Télérama.
Deuxième épisode: on suit une jeune fille (le portrait craché de Kirika dans Noir) qui commence sa journée d'écolière en sautant du lit, menacée par sa femme de chambre en ces termes: "puisque vous ne semblez pas vouloir vous lever, je vais utiliser la technique de réveil numéro 3".

C'est précisément à cet instant que dans un grand moment d'unisson mondial, les téléspectateurs japonais et français se sont levés de leur fauteuil, sont allés chercher une échelle, sont montés sur leur toit et ont crié "C'EST QUOI CE BORDEL" en direction des cieux. Ceux qui passaient le reste de leur temps sur IRC se sont contentés d'un "WTF".

Précisons qu'à part ça, il ne se passe strictement rien dans l'épisode. La demoiselle va à l'école, fait du lèche-vitrine, croise une femme, générique de fin. Pensez bien qu'arrivé à ce stade de n'importe quoi le plus total, j'étais en train de refaire mentalement les niveaux de la Special Zone de Super Mario World (celle avec le logo Super Famicom sur la carte) pour ne pas disjoncter. L'architecture des lieux traversés (dans Madlax, pas dans Super Mario) rappelle la vieille Europe occidentale - on voit même un drapeau bleu-blanc-rouge - mais les pays ont des noms fictifs. Puis apparaît une organisation secrète au nom francophone, qui n'est pas Soldats mais Enfants. Ceeeeeertes. Il y a donc deux personnages, une repompe de Mireille et une repompe de Kirika, les deux héroïnes de Noir - encore une fois, un anime venant du même studio que Madlax - que l'on suit à tour de rôle, un épisode sur deux; leurs histoires finissent par se lier. Ceux aux nerfs plus solides que moi et qui continuent à regarder vous diront que la fillette cherche un livre, but fort original. Au final, c'est du pur Bee Train: techniquement, c'est beau avec un design fort agréable, des arrière-plans moyens, du Kajiura pour la musique, scénaristiquement, c'est déplorable et l'ensemble a une qualité qui baisse au fur et à mesure que le studio sort une nouvelle production - le pompon étant atteint quand il arrive à se copier lui-même. Sauve qui peut.