J'ai fini de lire les deux tomes du Combat Ordinaire de Manu Larcenet, après m'être tapé Le Temps de Chien, La Ligne de Front et la totale de Bill Baroud. Me regardez pas comme ça, vous savez que ça m'arrive de manger de la bédé bien de chez nous.
Incroyable comme cet auteur est d'une polyvalence à tout épreuve. Il a bossé avec Trondheim qui est un autre modèle de cette compétence, mais là... Universalité graphique, capable de passer du crobard à une imitation de Van Gogh; scénaristique, capable de passer de la vengeance de Caliméro à la touchante histoire d'un photographe angoissé; et aussi inspirationnelle, influencé par l'école Fluide Glacial ou par les jeux vidéo. Quand vous voyez que les oiseaux blancs à la fin de la Ligne de Front sont identiques à ceux de Yoshi's Island, ça surprend. Pourquoi insister autant sur ce talent de touche-à-tout? Peut-être que c'est moi, mais d'autres grands noms de la bédé avaient aussi cette qualité (oui, Franquin est mon dieu de ce côté du Rhin).
Quand on trouve aussi une conscience sociale qui vit avec son temps, et ce même dans quelque chose d'aussi déjanté que Bill Baroud (le dernier album est flagrant sur ce point), on ne peut qu'applaudir. Ou au moins conclure que 1) c'est l'auteur franco-belge à lire ces temps-ci, 2) si j'écris des choses comme "conscience sociale qui vit avec son temps", c'est peut-être signe d'arrêter d'écrire pour aujourd'hui. Ca doit être quelque chose dans le thé vanille, allez savoir.