Ca fait un moment que le DVD est sorti au Japon, alors je crois que tout le monde a fini par le voir. Non parce que sinon, c'est quand même un peu lourd de parler de trucs qui n'ont été subis que par quelques-uns...
Subis? Oui. Franchement, si je ne commence pas cet article en hurlant que BR2 est à chier, c'est parce que c'est pas beau d'être vulgaire; y'a déjà des critiques de jeux hentai et des textes assez crus sur ce site, alors on peut pas tout avoir. Battle Royale premier du nom a chopé un TA dans la catégorie “film live”, donc on ne peut pas dire que l'éditorialiste a eu un a-priori négatif. Pour résumer, BR2 est inférieur en tous points à son ancien, à l'exception du budget. Et on sait que ça ne suffit jamais à faire un bon film - même qu'on peut en faire d'excellents sans.

BR2, c'est quoi l'histoire, pour les trois paumés qui ne la connaissent pas? Shuya, preux survivant de la BR, a fondé une organisation terroriste qui fait péter plein d'immeubles dans Tokyo le jour de Noël. Le premier film n'était pas sorti dans les salles américaines, on sait déjà que ce ne sera donc pas le cas du second. Le gouvernement japonais, qui a moyennement apprécié la référence à Fight Club, organise la BR suivante sur l'île où Shuya et ses copains sont cachés. Petit changement dans les règles: les élèves vont par paires, et si l'un d'eux meurt, boum pour l'autre.
Comme pour le premier, on a l'arrivée sur les lieux, la présentation de l'épreuve par un prof (Kitano laisse la place à un autre perso qui porte le même nom que l'acteur, Riki Takeushi, que vous pouvez voir en ce moment en salles en France dans la trilogie Dead or Alive), sauf que celui-là est à côté de la plaque. On a droit au pseudo-yakuza constipé croisé à du GTO, ridicule; la distribution des sacs à dos contenant vivres et armes, grand moment de tension dans le premier, est ici incroyablement longue et fastidieuse. S'ensuite le début de l'épreuve, un débarquement sur l'île qui se veut dans la veine de Saving Private Ryan, sauf que là c'est avec de petits Zodiacs et avec une trentaine d'élèves paumés qui se font sniper. Le reste du film n'est qu'une longue fusillade dont on se fout un peu.
Pourquoi? Tout tient dans le slogan: “This time it's war”. Et en effet, c'est la guerre, avec ses soldats anonymes qui tombent comme des mouches pour une cause que personne ne saisit vraiment. Car non seulement aucun personnage n'est vraiment présenté ou attachant, mais également parce qu'aucun d'entre eux ne sait pourquoi il se bat; et on les comprend! Au début du film, ils sont face à Shuya et aux vilains terroristes. Evidemment, ils s'opposent ensuite aux adultes. Et enfin, un autre ennemi apparaît (pas de spoiler, mais indice: pensez au manga Akira)... Trois guerres en deux heures, qui dit mieux!

Avec le premier film, le slogan était “Seriez-vous prêt à tuer votre meilleur ami?” On avait chaque élève qui trouvait son chemin, même si ce dernier finissait généralement avec une balle dans la tête. Au moins, c'était la guerre d'un homme qui ne cherchait pas forcément à obéir à l'ordre des choses; chacun, pris au piège dans une situation extrême, écrivait son testament en temps réel. On avait également une réflexion sur l'adolescence et les adultes, la folie d'un corps déteignant sur l'autre - et vice-versa. Et pourtant, Battle Royale était un film d'action.
Battle Royale 2 n'est que ça: un film d'action. Enchaînant des fusillades à l'échelle guerrière, qui est beaucoup trop grande pour 42 lycéens qui ne demandaient rien à personne. Ce sont deux formats incompatibles que BR2 tente sans succès de réunir: une baston apocalyptique par des gosses terrorisés. On les voit tomber et on a même pas à compter les morts, l'affichage à l'écran à chaque frag le fait pour nous; ça tombe bien, les emprunts aux jeux vidéo (armement, angles de caméras, clins d'oeils) contribuent à diminuer l'impact du film. On sort de ce dernier vidé et fatigué par ce blockbuster japonais qui a voulu jouer à l'américain... Pas besoin de les imiter: pour faire de la merde, Michael Bay ou Roland Emmerich se débrouillent très bien tout seuls.