Ca, c'est la phrase en béton à sortir devant le vendeur quand vous achetez du shojo. Enfin, c'est ce qu'on croit - jusqu'au moment où il vous rit à la gueule en les passant au code-barre et en disant “ouais c'est ça, et le hentai c'est pour ton papa, c'est ça?”
Sérieusement, c'est déjà assez dur d'acheter des mangas pour filles. Au Japon, les mâles évitent le rayon shojo comme s'il s'agissait d'une zone biologiquement contaminée et on ne pourrait même pas y trouver un cadavre de sexe masculin. On a donc de la chance, en Europe, d'avoir nos vaccins à jour et de pouvoir partir avec du Furuba ou du Saikano sans mourir dans d'atroces souffrances. Tout du moins, tant qu'on fait ça dans une librairie; ça ne marche pas dans les maisons de presse.
Je dis ça, parce qu'au cas où vous ne le sauriez pas, les magazines de prépublication de mangas semblent refaire leur apparition. Ils avaient disparu il y a sept ans avec Manga Player et Kaméha, les revoilà avec Shonen Collection (éditions Pika) ou Magnolia (Tonkam); et les éditions Kana préparent le leur. Pika évite les ennuis de la presse à parution régulière et se trouve en librairie, alors que Magnolia est situé dans les kiosques, bien planqué entre OK Podium, Too Much et Popstaracadémimagazine. Pourquoi l'acheter alors? Parce qu'il y a Kareshi Kanojo no Jijou dedans.

Je vous l'accorde: KareKano est suffisamment génial pour qu'on fasse des sacrifices, par exemple acheter tout un mensuel rien que pour lui. Mais il y a des limites, et cette dernière vient d'être franchie avec la couverture du deuxième numéro de Magnolia. Ils ont changé la couverture, qui n'est pas celle qu'on voit sur le site. A la place, on a droit à la photo d'un couple de mannequins récupérée dans un catalogue de stock photos au-dessus du titre en rose bonbon “Dossier Spécial Saint Valentin!” A défaut de vous pousser à vous interroger sur votre sexualité, c'est vraiment le genre de moment qui pousse à partir en courant. Ce que j'ai fait.
Je sais pas où Tonkam veut en venir. Dans l'édito du premier numéro, il est bien indiqué que les séries publiées dans Magnolia n'auront pas droit à une version tankoubon (volume relié). Les articles parlent de maquillage et de shopping, mais pas de la starac'. A quel public ça s'adresse? Aucune des filles que je connais et qui sont dans la Japanime lisent des magazines sur les fringues, et celles qui sont dans ce rayon ne s'intéressent pas aux mangas. En fait, à part les fillettes qui ont découvert l'animation par CardCaptor Sakura sur M6, je vois pas qui lirait les articles de Magnolia... Mais reste à savoir comment elles interprèteraient les séries yaoi qu'on trouve dedans (ça sent les mauvaises fanfics tout ça!). Et franchement, Tonkam étant un éditeur de mangas à plein temps, c'est à dire peuplé de gens qui traduisent, envoient à l'imprimerie puis chez les libraires, on peut se demander si quelqu'un a été engagé pour écrire la vingtaine de pages qui m'ont informé du retour de Namie Amuro sur la scène J-Pop (elle doit bien avoir la trentaine et elle a toujours le front aussi dégarni en plus d'un gosse maintenant, j'imagine la gueule des fans, huhuhu). Si le besoin me prend d'être au courant de ce genre de choses, j'ouvre Japan Vibes aux pages appropriées puis je m'insère des fourmis rouges dans les oreilles pour ne pas trop souffrir (faites vous-même le comparatif: Ayumi Hamasaki, avec les fourmis, c'est mieux que sans).

Nan, rien à faire, j'arrive pas à trouver un lectorat à Magnolia. Reste à savoir si ça veut dire qu'il n'y en a pas...