Wow. Mais qu'est-ce que c'est que ce jeu?!
Résumons. On le trouve à 40€. Configuration PC écrite sur la boîte: 266Mhz Rex et même pas de carte 3D. Le tout est un énorme mélange de Macromedia Flash et de QuickTime: le jeu est d'ailleurs hybride Mac/PC. On indique son adresse email au lancement, et en route.
Scénario: Un journaliste et sa copine sont portés disparus. Puis la boîte pour laquelle il bosse reçoit un disque. C'est ce même CD qui est dans la boîte du jeu: conçu par celui qui a enlevé les deux personnes, c'est un énorme jeu de piste bien sadique, un défi donné à la police. Le kidnappeur demande même aux autorités de publier le programme, ce qu'elles font - avec la collaboration d'Ubi Soft.

Pas commun, mmhh? In Memoriam est donc de l'aventure/puzzle en Point&Click qui fait penser au très cool jeu vidéo des X-Files. On commence à résoudre quelques casse-têtes pas bien méchants, quand paf, MozillaMail me dit que j'ai reçu du courrier. C'est une fille qui enquête elle aussi sur le disque. On peut lui écrire, elle répond. Pendant ce temps, dans le jeu, le dingo s'amuse avec moi: il me nargue, récompense mes résolutions d'énigmes avec des extraits vidéo filmés en mini-DV du journaliste disparu, il m'a même fermé le programme au nez parce que je jouais au con. Si on cherche sur le Net, on trouve des références aux lieux ou aux gens qui y apparaissent. Et pour avancer dans le jeu, il faut faire tourner Google et cie. Ainsi, le jeu s'adresse quand même à ceux qui ont de la matière grise: culture générale et maîtrise de l'outil informatique requises, comme on dit dans les annonces d'emploi. Cela dit, on tient quand même un jeu incroyablement fédérateur, qui plaisent autant aux casual gamers qu'aux hardcore gamers, comme ce que Sierra faisait dans sa grande époque: Police Quest, Phantasmagoria, ou chez les autres, D, Sanitarium et Bad Mojo, toutes ces incarnations que le jeu vidéo n'est pas que pour les tits n'enfants ou les jeunes adultes immatures, loin de là.
En somme, voici un OVNI. Comme pour le projet Blair Witch, les auteurs ont mélangé réalité et fiction, créé des sites web de toutes pièces ou utilisé des documents de sciences occultes, sauf que la mayonnaise prend.

Du point de vue gameplay, c'est un peu moins rose. Certaines “énigmes” sont franchement ardues (mais quand on demande de l'aide via le Net directement aux personnages du jeu, c'est magnifique), et certains puzzles tiennent des animations en Flash qui jouent avec vos nerfs (relativisons: le tueur fait justement ça dans ce but). In Memoriam est donc réservé à ceux qui ont des nerfs d'acier: il faut supporter quelques passages chiants (mais si vous avez été scotché par Myst, Zork Nemesis ou Spycraft, no problemo), une ambiance trèèèès glauque et adulte, et assumer le délicieux téléscopage réalité/fiction.



Nota Bene: Je vous invite à lire également la très intéressante intervention dans Libé d'Eric Viennot, auteur d'In Memoriam. Le genre de texte qui prouve que la bête a été conçue par des hardcore gamers qui connaissent leur cuisine.