Le saviez-vous ? Les studios d'animation japonaise pissent le sang, et les emmerdes de Gonzo ne sont que la partie immergée de l'iceberg. Une des grandes raisons de cet état de fait : le gros des productions actuelles se résume à du brossage d'otaque dans le sens du poil (pubien). Entre Nanoha, mignonne mahou shojo pour enfants devenue au fil des saisons de la chair à nekketsu à transformations dénudées pour le pervers du dimanche et ma petite sœur est une tsundere otaku, cette fin de décennie fait peur. Et que dire des quelques séries qui ratissaient un peu plus largement qui finissent par rediffuser huit fois le même épisode pour faire zapper le public ? Je reviendrai (peut-être) sur cette crise une autre fois, vu que ce n'est pas vraiment le sujet de cet article, mais je tenais juste à indiquer qu'en ces temps incertains, l'animation japonaise a décidé de se replier sur son noyau dur en attendant/espérant que la tempête passe. Et du coup, elle ne produit plus que des love letters moé-moé à ses fans - et à leurs porte-monnaies.

Scott Pilgrim VS. The World est la version américaine de ce phénomène nippon : une déclaration d'amour aux collectionneurs de cartouches Mega Drive, aux guitaristes désœuvrés qui portent des T-shirts délavés avec un champignon 1-Up, aux demi-vies qui se sentent marginales alors qu'elles sont tristement communes. Et à leurs fantasmes féminins - déjà portés aux nues par Kick Ass - de la p'tite asiat' lycéenne (en uniforme) à la scene girl. Comme qui dirait : à leurs ordinateurs, à leurs femmes, et à ceux qui les montent.

C'est un peu la raison derrière la sortie confidentielle du film, six mois après les USA : les producteurs s'attendaient à voir une comédie sentimentale bourrée de références à des gadgets qui ont bercé l'enfance des grands enfants (allitération) actuels... et ils se retrouvent avec un long-métrage visuellement bandant, mais uniquement  compréhensible par une minorité qui n'a pas revendu sa Super Nintendo et ressent un rush d'endorphine en débloquant un succès sur Xbox 360. Il faut voir le groupe de Scott invoquer un sasquatch de Metal Slug 3 par le seul pouvoir du rock.

Et c'est là que je réalise qu'il n'y a pas grand chose d'autre à ajouter, tant ce film se résume ainsi : la team de Shaun of the Dead et Hot Fuzz, légitimée par un gros budget, trolle Universal en pondant une belle carte de remerciement aux nerds à qui ils doivent leur réussite, et lesdits nerds garderont ladite carte sur leur étagère à Blu-Ray pour mieux la faire partager pendant les années à venir. Un film qui fera vibrer peu de gens, mais qui les fera vibrer longtemps. Verdict : attendez les soirées de visionnages entre potes, car elles seront mémorables... Ceci dit, les salles sont déjà tellement vides que vous pouvez dès maintenant y reproduire cette ambiance ; ne vous gênez pas.