(édité chez Pika, premier volume tout frais sorti)

A l'époque du Club Dorothée, les animes qui faisaient un carton étaient toujours les mêmes : Dragon Ball, Ranma 1/2, Saint Seiya, et pour les filles, Sailor Moon. Sauf que tous les garçons prépubères ne zappaient pas immédiatement en voyant Usagi et ses copines, étrangement captivés qu'ils étaient par ces jambes de deux mètres et ces étranges séquences de transformation. Allez savoir ; peut-être que c'est à cause de Sailor Moon que les otaques français ne sont pas si allergiques au shojo que leurs homologues nippons.
Tous les épisodes se déroulaient de la même façon, avec une histoire entière bouclée à chaque fois :
- les méchants qui veulent voler l'énergie des humains devisent d'un plan machiavélique (faire une fausse classe prépa, un faux parc d'attractions, un faux club échangiste) ;
- coïncidence : ce jour-là, les Sailor Senshi décident d'occuper leur temps avec une activité qui correspond à celle créée par les méchants (oh, une nouvelle classe prépa/parc d'attractions/club échangiste vient d'ouvrir, allons y faire un tour) ;
- les Sailor Senshi découvrent le pot aux roses et se battent contre les méchants et se font invariablement défoncer le crâne, laissant libre cours aux fantasmes d'auteurs de doujinshi et de fanfics ;
- alors que tout semble perdu, le beau vengeur masqué débarque sur un air de flamenco et déstabilise les méchants en les attaquant non pas avec des éclairs à la con ou de la flotte, non pas avec un fusil de sniper, mais avec une rose rouge.
- du coup, Sailor Moon (ou Sailor Loli) porte le finish move et tout le monde est content. Sauf que maintenant qu'il n'y a plus de classe prépa/parc d'attractions/club échangiste, les Sailor Senshi se retrouvent fort désoeuvrées et vont tromper leur ennui en roulant des joints au pied de leur barre de HLM. Assises sur les escaliers, exhibant leurs fantastiques gambettes sous leurs jupes de lycéennes. Hmmm.

Mail, c'est un peu pareil. C'est l'histoire d'un exorciste qui s'occupe de fantômes contemporains, qui hantent un appart' ou une voiture, et c'est fait par l'auteur de Kurosagi. Donc ouais, ça n'a rien à voir avec la couverture en pixelart et avec le titre, au point que je me demande encore pourquoi ça s'appelle Mail. La narration est typique de l'horreur nipponne, façon films et bouquins du genre, avec évènements surnaturels qui surgissent soudainement dans la vie quotidienne, avec ses connards et ses existences merdiques. En fait, on est presque déçu que chaque chapitre se termine bien, tant on est habitué à avoir des fins avec les enfants qui se font bouffer les cheveux et les parents qui finissent avec une tumeur à la couille gauche. Ils sont cons, les parents ; personnellement, en cas de tumeur à la couille gauche, j'ai toujours 1) un couteau et 2) une couille droite de secours. Peut-être que c'est à cause du format "1 chapitre = 1 histoire" ; a-t-on le temps de faire peur au lecteur en une trentaine de pages en manga ? Difficile à dire, mais je doute que l'adage "les histoires les plus courtes sont les meilleures" s'adresse également à l'horreur. D'un coté, les scénarios restent intéressants, mais la trame, aussi rigide qu'un épisode de Sailor Moon, finit par rendre l'ensemble un peu coincé. On passe un bon moment avec ce manga, tout en réalisant que la lasserie ne va pas tarder à débarquer. L'auteur (ou son éditeur) en a conscience, vu que l'ensemble a duré trois volumes au Japon. Du coup, ça annule un peu ma critique sur la répétitivité du déroulement d'un chapitre si ces derniers s'annoncent si peu nombreux... Allez, je vous le conseille. Et peut-être que d'ici la fin de l'oeuvre, on saura pourquoi ça s'appelle Mail.