(évitez le premier paragraphe, c'est du 36 15 ma vie)

Je l'écris régulièrement : pas mal d'otaques qui restent trop longtemps dans leur passion finissent par être blasés. Frustrés. Aigris. Utilisez le mot que vous voulez, toujours est-il que les symptômes sont les mêmes : une détestation de tout ce qui est récent ("toutes les nouvelles consoles sont à chier"), le refus de comprendre l'humour d'un anime pour ados, et un esprit éternellement insatisfait qui aura plus d'aisance à descendre tout ce qu'il n'aime pas, soit 101% de l'industrie. Bien évidemment, ce spécimen n'est pas propre aux otakus, tant on les trouve dans toutes les strates de la culture geek - sauf qu'il n'y a que chez nous que l'aigri/blasé/frustré finit par se demander qui est le travesti parmi ces maids (je pense que c'est Tsukasa).Ce que j'écris encore plus régulièrement, c'est que je suis terrorisé à l'idée de devenir comme ça. Le problème, c'est que quand je discute avec des lecteurs, il y en a qui me considèrent comme étant déjà aigri. Tant pis.

Braiffe. Qui connait Iron Man ? A coté de Spidey, des X-Men, Bats' et les autres, c'est du chiqué. A la limite, y'a son pote War Machin(e) qui est dans Marvel VS Capcom, même qu'avec un cheat code chiant à entrer on peut jouer avec War Machine Gold qui existe même pas dans les comics, je suis sûr que c'est un palette swap foiré pour faire Iron Man. Marvel râcle ses fonds de tiroir, après nous avoir fait subir Daredevil (frappé de la malédiction du "Frank Miller au cinéma", levée par Rodriguez avec Sin City) ou Hulk, film de commande s'il en est auprès d'Ang Lee qui n'en demandait pas tant. Mais au moins, ces super-héros, moins connus du grand public, ont également une histoire autrement plus facile à résumer en deux heures que les poids lourds du milieu.

Pensez à rester jusqu'à la fin du générique.

Peut-être que c'est cela qui tourne en faveur de ce film : Iron Man est une bédé qui a déjà été réactualisée, Tony Stark étant forcé de construire son armure durant le conflit vietnamien/irakien/afghan, selon les époques de publication. Même s'il a commencé par casser du coco, la version papier vit avec son temps, contrairement à un Cap Am' ou Thor qui auront besoin d'un sérieux coup de polish façon XXème siècle. Surtout que le film d'Iron Man est tellement à jour que Tony y fait son coming-out, annonciateur d'une bonne guerre civile comme on les aime.

Mais comme les comics, c'est pas le thème de cette colonne, je laisse l'analyse de fond à tonton Kamui quand ce dernier écrira sa critique. Restons simples : je n'aime pas Robert Downey Junior, mais j'ai adoré son interprétation de Tony Stark. Gwyneth Paltrow avait beau être là pour payer ses factures, elle est parfaite. Voilà, on en oublie qui sont les acteurs. L'armure, l'humour pas potache et pas exagéré, tout passe. Tout au plus, on peut déplorer le traitement grand public propret, mais hey, on paie pour ce qu'on a et c'est un summer movie, hein. C'est vraiment résumable par cela : propre, qui reste dans le passage piéton, carré, aucune prise de risque, qui sent bon derrière les oreilles. Une adaptation correcte qui ne prend aucun risque mais qui remplit sa mission de présenter Tony et ses potes aux profanes tout en amusant la gallerie. Voila : c'est pas pour dire, mais après s'être tapé les atroces Fantastiques, Elektra et j'en passe, c'est super agréable de voir un film de super-héros qui tourne (super) rondement. Et au moins, ça fait office de self-checkup pour s'assurer que je ne suis pas aigri.