Par Rataime

NB : Je n'ai pas vu la fin de Death Note avant d'écrire ce texte, donc à priori pas (trop) de spoilers. Ah, et les liens n'ont pas vraiment de rapport avec l'article, mais vous avez l'habitude.

"C'est l'histoire d'un héros. C'est un gentil. Il se bat contre un méchant. Il lui arrive plein de trucs, et puis il bat le méchant. Fin." : Cette ébauche de scénario caractérise une vaste majorité des anime, films et autres séries que nous faisons défiler jour après jour. C'est du reste compréhensible : si on prend le temps de créer un personnage central, de développer sa personnalité, ce n'est pas pour le faire mourir en cours de route, si ?

Et pourtant. Lorsque le personnage principal est un anti-héros avec des valeurs aux antipodes de celles des héros traditionnels, son destin est aussi inéluctable que la mort, les taxes et les méchas dans un anime. Il n'a plus qu'à se résigner à voir sa némésis prendre le pas sur lui, éviter ses pièges diaboliques et ses attaques sournoises et en finir avec lui dans une scène d'affrontement sous stéroïdes. Et ceci au nom de la "morale".

Cette morale omniprésente est pourtant ce qui éloigne beaucoup d'entre nous des blockbusters et de l'animation occidentale et nous pousse vers l'anime et le manga. Dans l'Envoyé Spécial de cette semaine et son reportage sur les mangas, une phrase m'a frappé : "Dans les mangas, les protagonistes peuvent mourir au détour de chaque page [...]". Ainsi, on s'interroge sur le public visé par Tezuka avec Blackjack, ou par Otomo avec Akira. On s'émerveille de la capacité des japonais à déranger avec des anime comme Gunslinger Girl (bien plus poussé que l'occidental Léon, à mon avis), Death Note, Bokurano ou Evangelion. Après ceux-ci, les Disney paraissent insipide, avec une absolution pour le Roi Lion (dont l'histoire est pompée sur une histoire japonaise : la boucle est bouclée). Mais il reste encore un point d'ombre : les fins.

En effet, comme si le remords était inversement proportionnel au fonds restant dans les caisses du studio, les méchants finissent par être punis, même quand ils sont les héros. Le Comte de Monte-Cristo est par exemple perdant dans la transposition en anime, et cette fin alternative n'est là que pour satisfaire à un quota moral. Je n'arrive même pas à me souvenir d'une exception dans un anime qui viendrait confirmer cette règle. Mais ce n'est guère mieux du côté des films américains : quand l'auteur ose faire gagner le héros malfaisant, il a du mal à trouver un budget. Le film Lord of War, film magnifique s'il en est, a vu les studios "majors" refuser sa production si sa fin n'était pas changée.

Toujours est-il que l'épisode 37 de Death Note ne m'inspire aucune confiance. S'il vous plaît, faites gagner le psychopathe. Faites triompher l'ignoble et mourir le vertueux. Montrez l'exemple (le mauvais !). Je sais bien qu'il y aura un 2ème round avec la fin de Code Geass, mais je ne me fais que peu d'illusions.

5 ans déjà ! Ca ne me rajeunit pas... Bien sûr, on souhaite 5 années supplémentaires d'editos acerbes mais justes offerts à une communauté grandissante mais toujours aussi élitiste. Que peut-on espérer de plus, un poste à Nolife pour Raton ?

EDIT : This is RAAAAATON !
Un grand merci, en tout cas.