Depuis hier soir et jusqu'à dimanche, Steam propose d'essayer The Ship, le jeu tout concept genre Agatha Christie où l'on doit assassiner un autre joueur avant qu'un troisième ne vous refroidisse, le tout sans trop se faire remarquer.
Alors certes, le pitch habituel de cette colonne quand un jeu est "gratuisé" pendant une durée limitée est d'inviter les lecteurs (c'est vous) à essayer le jeu pour qu'on s'amuse ensemble... Mais là, peut-être que non, en fait. Non pas qu'il s'agisse d'un mauvais jeu, mais Nadeo m'a mis dans la dernière charette à 5000 places du bêta-test de TrackMania United, qui n'est pas partie sans laisser son cortège de malheureux. Et franchement, c'est autrement plus gratifiant que la beta de la croisade brûlante - qui a cessé d'être amusante après avoir pris quelques screenshots et m'être tripoté devant une Elfe de Sang à poil.

Il y a quelque chose au sujet de Trackmania que je ne comprends pas : Nadeo nous ressert exactement la même soupe depuis trois ans (au prix fort !), et on continue à adhérer sans crier au scandale. Est-ce simplement parce que le concept est incroyablement fun ? Dans ce cas, on boycotterait les épisodes suivants en restant sur l'Original ; par exemple, je persiste à préférer Worms Reinforcements à toutes les itérations 2D et 3D qui l'ont suivi (et qui ont compliqué un gameplay qui n'en avait pas besoin). Est-ce parce que c'est un petit studio, et que racheter le même jeu serait devenu un acte citoyen pour les soutenir plutôt que pour jouer à un bon titre ? Pourtant, le premier opus s'était fait incendier à sa sortie pour son prix trop élevé - et pour cause, puisqu'il s'était vendu comme des petits pains dès qu'ils avaient baissé l'étiquette... De plus, les dingos qui considèrent qu' "acheter un jeu vidéo est un acte citoyen" (défi : essayez de dire ça sans éclater de rire) restent marginaux. Est-ce parce que les ajouts à chaque version (nouvelles voitures ou décors) sont vraiment intéressants ? Ils n'ont même pas pris la peine d'ajouter une option pour activer les collisions entre voitures, nom d'une pipe - quant à l'évolution graphique après le moteur de Sunrise, on en arrive à s'extasier devant l'apparition du gazon. Mais le jeu a toujours été customisable jusqu'à l'os, et les joueurs s'en sont donnés à coeur joie. J'en viendrais à croire le discours marketing pondu à l'annonce de cette nouvelle mouture : Original était axé sur le fun, Sunrise sur le look, Nations sur la compétition, alors United sera sur la communauté. Alors, si chaque TrackMania se vend toujours, c'est parce que chaque version touchait un public particulier ? J'en doute, le jeu restant fondamentalement du MicroMachines sans collisions. Voilà, c'est dit : je ne comprends pas pourquoi les joueurs rachètent le même produit. Evidemment, ça vaut aussi pour les salopEAries, mais le public y est autrement plus lobotomisé.

En tout cas, on voit déjà venir les tests de United, dans la ligne droite des tests de FIFA, PES et autres mises à jour annuelles : "si vous avez acheté les précédents, réfléchissez-y à deux fois, et les fans peuvent se précipiter, y'a tout ce qu'ils aiment et un peu plus". Etirez l'idée pendant quatre pages et ça y est, vous voilà critique de jeux vidéo. United, c'est donc tout le contenu des trois épisodes précédents avec de nouveaux objets pour les créateurs fous, et une grosse interface pour récupérer leurs travaux (aux suscités créateurs fous) sans quitter le jeu. Il y a une sorte d'explorateur internet qui fonctionne avec des mots-clés à la AOL, des achats de contenu avec une monnaie virtuelle (qu'on gagne uniquement en jouant et sans sortir sa carte bleue, alléluia), et chaque joueur a son petit espace avec ses records ou fantômes ou son petit clan (si vous avez envie de rejoindre celui-là, le mot de passe est évidemment "samantha"). Ca fait un peu penser au XboxLive dans le look et l'idée, ce qui n'est pas pour (me) déplaire.
Plus haut, je m'interrogeais tout haut sur ce qui justifie encore le succès des nouvelles éditions de TrackMania, alors que le gameplay a peu évolué avec le temps. Seulement voilà, ce gameplay est toujours aussi bon : c'est comme quand Counter-Strike passe au moteur Source sans toucher à rien, le jeu étant déjà excellent comme ça. Quand on voit un speeder devant un énorme looping au-dessus d'un lac, on voit une joyeuse farandole de baigneurs qui n'allaient pas assez vite, et on se marre. Quand on saute de tremplin en tremplin avant de faire du wallride, on pousse un joyeux "wouhou" à la Homer Simpson. Mais pour continuer la comparaison avec CS, TM a également tendance à être gâché par ses joueurs, qui peuplent trop souvent leurs serveurs avec des circuits masochistes et millimétrés, qui n'amusent que ceux qui les font. Peut-être que les fonctionnalités de communauté de TMU mettront un peu d'ordre là-dedans ; mais en l'état, United a tout l'air d'un bon gros paquet de fun prêt à être modelé et partagé - surtout avec ceux qui n'ont pas touché aux versions précédentes. Ces gens-là, ils sont comme ceux qui vont découvrir Unreal Tournament avec l'édition 2004 : ils vont avoir droit à énormément de contenu peaufiné, de quoi tricoter leurs propres pulls s'ils se sentent d'humeur créative et plein de gens super sympas pour les accueillir. Veinards.