On dirait qu'une règle non écrite du jeu vidéo est en train de m'apparaître : trilogie ou pas, le troisième épisode est toujours excellent. Metal Gear Solid (épisode 3 après les deux Metal Gear), Final Fantasy (doublement bon que le 6 est devenu 3 dans sa version US), Descent 3 et son moteur 3D aux niveaux délirants, Wing Commander III et ses quatre disques, Zelda SNES, Duke Nukem 3D, le double-trois qu'est Street Fighter III Third Strike... Dans les exceptions qui confirment la règle, y'a quoi à part DooM 3 ?
Tout ça pour dire que j'ai un gros rectificatif à faire sur la saga Splinter Cell. Le premier épisode était scripté dans tous les sens, tellement constipé dans son déroulement et ses niveaux que j'en avais fait un article pour le couronner maître de la dirigistocratie, un mot inventé pour l'occasion. Pandora Tomorrow était un add-on paresseux, toujours aussi coincé et scripté à mort qui n'était intéressant que pour son multijoueur asymétrique. Et là, je prends Chaos Theory chez un Micromonio qui le brade à 9 € - 20 % (c'est bien de vider les rayons pour faire de la place en prévision de Noël) pour arrondir mon compte, et c'est la claque. Le premier niveau est inintéressant sur le gameplay (de l'avis d'un level designer, le début d'un jeu est souvent chiant parce qu'on doit éduquer le joueur tout en montrant les nouveautés aux habitués), mais graphiquement, on est assez surpris par ce que la première Xbox a encore dans le bide. Ensuite, c'est que du bonheur : les excellents niveaux s'enchaînent, architecturalement cohérents, bourrés de chemins alternatifs et de possibilités pour tous, qu'on se la joue bourrin ou furtif. Les gardes ont des tonnes de phrases pour toutes sortes de réactions à vos idioties ou à vos interrogatoires forcés, le jeu ne vous punit pas par un game over si vous refroidissez tout le monde, et l'histoire - une invasion surprise de la Corée du Nord sur le Sud - offre sa dose de suspense.
Cependant, il faut quand même avoir subi un épisode passé de SC pour s'en sortir, tant le jeu reste complexe et ne prend pas les néophytes par la main. Mais il y a tellement de contenu sur ce disque qu'on sent vraiment le gros budget : des niveaux énormes sans temps de chargement, des heures de dialogue, le multijoueur qui est un jeu complètement indépendant, et le génial mode coop jouable en local (écran splitté et LAN) ou sur le Live, dont le scénario s'intègre avec l'histoire du solo ! Tout est aux petits oignons : le moteur 3D, les cartes, l'intégration XboxLive, le coté grand spectacle, le scénario, l'IA des ennemis... Tout ce que je peux lui reprocher, c'est l'absence de sauvegardes automatiques à l'intérieur des niveaux.

Donc voilà, c'est dit. Splinter Cell Chaos Theory est tellement bon qu'à lui seul, il pardonne les deux épisodes complètement foireux. Je ne sais pas comment Ubi a fait ; peut-être qu'ils se sont décidés à montrer à l'équipe de Montréal les critiques négatives sur leur travail, peut-être qu'ils se sont remis en question, j'en sais rien, mais ils l'ont fait. Surprenant.

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