La semaine dernière, j'avais parlé du Blade Engine, le machin gratuit qui permet de faire sa propre "histoire visuelle", si tant est qu'un terme français existe pour ça. Tonton Tehem a tout de suite répliqué en annonçant qu'il bosse de son côté sur un système similaire... et j'ose croire qu'après avoir essayé le Blade Engine, plus d'un lecteur doit attendre sa vision des choses.

D'un point de vue purement technique, on peut affirmer que cette release est précipitée. Traduction à l'arrache et implémentation Unicode "en projet", documentation en quatre pages HTML traduites en vitesse (heureusement que le texte d'origine est bon), plantages sur pas mal de machines qui ont conduit CuriousFactory (l'équipe américaine traduisant le Buredo Engine en Blade Engine) à sortir en vitesse des versions patchées...
D'un point de vue pratique, le kit de développement (SDK) que nous avons sous le nez a de quoi laisser perplexe. J'ai beau radoter sur les visual novels en les décrivant comme des shows PowerPoint, 1) ça ne m'empêche pas d'y jouer et 2) même avec le Blade Engine qui se présente comme une méthode simple et facile, on est clairement pas chez Microsoft. En pratique, le SDK est un dossier avec quelques dossiers vides et un exécutable pour lancer le jeu : on met ses images, sons et musiques, on rédige le script dans une syntaxe qui rappellera des souvenirs aux fansubbeurs (quand même plus facile à apprendre que le Python utilisé dans Ren'Py, un autre programme gratuit du même genre), et on distribue le tout aux joueurs. Pas d'interface de création puisque tout se programme dans un fichier texte : si vous chopez de l'urticaire en voyant une ligne de code, ce n'est clairement pas pour vous - et tout à coup, PowerPoint (re)devient sexy. En même temps, le but avoué de CuriousFactory est de "diffuser la tendance 'Otaku' hors du Japon" ; on ne peut pas leur reprocher de vouloir nous faire faire comme les durs, les vrais, les japonais. Donc en l'état, si vous voulez faire comme dans Welcome to the NHK, yapamieux.

Le gros défaut de ce système, c'est surtout qu'il est librement éditable par n'importe qui : en l'état, votre dur labeur peut être massacré-parodié-remanié puis redistribué par le premier téléchargeur venu. Quand on pense à Nadeo qui fourre une protection StarForce dans son TrackMania Nations gratuit pour s'assurer que les fichiers ne seront pas modifiés, on se sent à l'autre bout du spectre ! Ah mais il y aura moyen de packager les fichiers dans la version... payante, prévue pour la fin de l'année. Yay. Est-ce que ça m'empêche de tripoter ce soft pour y mettre des scénarios débiles ? Même pas.



Pendant ce temps : d'aujourd'hui à lundi prochain, Red Orchestra: Ostfront 41-45 est jouable gratuitement. Mettez les fichiers dans votre compte Steam, on y jouera sans doute dimanche soir - si on ne se croise pas sur un serveur avant.