C'est quand même naze d'être un otaku. Lors du processus de création de notre passion, nous sommes à la fin de la route, au pied de la pyramide. Aucun pouvoir, et rien d'autre à fournir qu'un amour unilatéral envers une industrie qui nous crache à la gueule tout en saignant à blanc nos portefeuilles. Esclaves du système. C'est d'autant plus naze que cette machination anonyme fait en sorte qu'on ne la laisse pas tomber : les MMORPG n'ont pas de fin, les jeux vidéo passent régulièrement à la next generation, et les animes sont produits à la chaîne. Pour ça, il faut beaucoup de cerveaux. Et quand ils s'assèchent, dans une pénurie d'imagination et de créativité, ça se voit cruellement. C'est lors de ces pannes que les otakus, face à un produit particulièrement creux, réalisent la vacuité de ce qu'ils font et laissent tomber leur hobby, trouvent un job dans une compagnie d'assurances, écrivent un billet blasé sur leur site web, se tranchent les veines - une ou plusieurs réponses acceptées.

REC est un anime qui raconte les débuts d'une seiyuu, ou doubleuse de voix (remarque en provenance de M. Sarcasme : quand le site Web officiel fournit une description aussi courte du personnage principal, c'est mauvais signe pour la série). Autrement dit, un anime sur des gens qui font des animes. Vous voyez la mise en abyme et le manque flagrant d'inspiration qui va avec. Quand on s'offre ce genre de délire, il faut quand même assurer, à l'instar de la Plume de Fer - ou se coucher, comme le dernier et anticlimatique épisode de l'OAV Golden Boy. Genshiken est hors-concours, puisqu'il aborde le cas des otakus et non de l'industrie elle-même. Mais quand même, pondre un anime pour illustrer les gens qui en font, c'est super prétentieux, non ? C'est comme Charlie's Angels 2, le film fait par et pour Hollywood, dont l'humour ne fait rire que les producteurs saupoudrés de cocaïne qui ont donné un feu vert à ce pet de cerveau.

A leur décharge, les producteurs de REC semblent quand même avoir eu conscience que ce scénario mal réchauffé au four micro-ondes est parti pour faire un flop. Ce qui, entre nous, ne risque pas de faire fausse note avec le reste d'une saison télévisuelle de japanime qui pisse le sang depuis la fin de Gundam Seed Destiny (dixit Shikaze, notre expert ès robots qui se mettent sur la gueule : "une série Gundam où tout le monde survit à la fin et où les robots ne sont pas en miettes, c'est pas une série Gundam"). Ainsi, chaque épisode dure guère plus de 10 minutes et tout ce que l'on pourrait qualifier de "profondeur scénaristique" a l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. C'est bien simple, toute l'histoire est condensée dans l'opening. Objection, hurle quelqu'un dans un microphone de Nintendo DS : REC est une série qui réalise qu'elle n'ira pas bien loin, alors elle se permet quelques libertés qui font quand même plaisir. Non, je ne parle pas de la mascotte de l'anime, qui pue le papa Azumanga mal digéré. Par "libertés", je parle de trucs que les animes ne se permettent habituellement pas. Par exemple, le pauvre type qui accompagne notre héroïne de doubleuse (ou doubleuse d'héroïne, c'est vous qui voyez) s'offre le luxe de la mettre dans son lit dès le premier épisode. Et pas pour faire simplement dodo. Et pas juste en rêve. Et, ô suprême sacrilège, en profitant d'un moment de faiblesse de sa part ! Car bien évidemment, son appartement vient de brûler - sûrement la faute à une deus ex machina hors normes, ça grille vite ces choses-là. C'est pas merveilleux, autant d'infractions aux lois des animes en l'espace de quelques minutes ? Moi, ça me laisse rêveur. Tout ça dans une série 0 % ecchi, sans culottes ou tétons visibles ! Même les honteux mais éhontés Mahoromatic ou Ai Yori Aoshi n'avaient pas osé ça. Mais encore une fois, ces écarts de conduite ne sont permis que parce que cette série disparaîtra des esprits aussi vite et furtivement qu'elle y est entrée. Anime insignifiant, passez votre chemin.