Purée, ça fait des siècles que je ne m'étais pas acheté un import, en-dehors d'occases pleines d'amour. En fait, ça remonte à la Dreamcast avec l'édition 10th Anniversary de Sonic Adventure 2, c'est dire... Bref, l'à présent célébrissime Ouendan a été mon cadeau d'anniversaire le mois dernier, et afin de ne respecter la ligne éditoriale de ce site (?), il était hors de question d'en parler avant que le reste du Web ne l'ait fait (manquerait plus que je sois dans le mouvement et pas derrière, tiens !).

Mais pour le plaisir, résumons le délire. Ouendan (ou Oendan, c'est comme vous le sentez) est une simulation de supporters nippons cachant un rythm game des plus classiques, signé du studio iNiS (déjà coupable de Guitaroo Man sur ps2). L'excellente bande-son est composée de J-Rock (avec quelques petits écarts vers de la J-Pop, merci les Morning Musume), et se joue intégralement au stylet. On tape sur des pastilles échappées de Samba De Amigo, on tourne des disques très rapidement, et on suit des ballons qui glissent sur des rails - voilà l'intégralité du gameplay. La difficulté est assez élevée : on bouffe un maximum de die and retry, quand il suffit de rater deux ou trois pastilles sur plusieurs centaines pour se prendre un game over et que le seuil de tolérance est faible. Dans la hiérarchie des jeux musicaux, Ouendan est à classer tout près de Beatmania, aux antipodes des simplissimes Donkey Konga ou Parappa.

Sauf que, pour aussi paradoxal que ça puisse paraître, le plaisir d'Ouendan n'est pas tant dans son gameplay que dans son ambiance. En tant que simulation de supporters, on encourage des gens : ça va de la secrétaire qui n'ose pas inviter son supérieur au bal-pas-masqué-ohé-ohé au prof qui ne tient plus sa classe en passant par des scénarios complètement barrés dont je ne vais pas vous gâcher la découverte. Les histoires sont racontées par des digital comics (des mangas animés, quoi) ultra-dynamiques - la seule 3D étant notre groupe de supporters qui fait son office, à la DDR, derrière le rideau de pastilles que l'on clique à tout va. Les quinze niveaux sont des mixes écourtés des chansons originales, découpés en quelques rounds entrecoupés par des interludes du manga, où le déroulement de l'histoire est influencé par notre performance. A l'écran, tout est chorégraphié, si bien que c'est un vrai plaisir à regarder ! Faut pas se leurrer : si Ouendan est considéré par certains comme étant tout simplement le meilleur jeu de la DS, c'est parce que sa petite carte déborde de bonne humeur et d'énergie - surtout qu'elle suce particulièrement vite la batterie de la DS, ajoute ma mauvaise langue. Loin de moi quelque sentiment japanophile, mais depuis quand n'a-t-on pas vu un jeu occidental "positif" ?
Rayman et les jeux d'aventure LucasArts ont disparu du radar depuis quelques temps, et quand un studio américain s'inspire de Jet Set Radio, on obtient ça. Pourquoi cette débauche de négativisme ? Ouendan ne s'adresse pas aux petits enfants et n'est donc pas tout-rose-et-tout-mignon parce qu'il ne veut pas faire peur : c'est un jeu joyeux, l'idée étant quand même d'aider des personnes à triompher de leurs problèmes. Chaque niveau commence par quelqu'un qui hurle "Oooendaaan !" comme on appelle des super-héros, et nos majorettes en noir font irruption, prêts à communiquer leur énergie. Ou leur ki, leur yin, appelez ça comme vous voulez, mais c'est une motivation qui est facilement véhiculée au joueur. On en chie pendant la partie, mais on est doublement content à la victoire parce qu'on y est arrivé et parce que ce pauvre cuisinier qui déprimait dans son restau désert est maintenant populaire dans toute la ville. A l'instar de Fruits Basket, manga au bonheur si contagieux qu'il devrait être remboursé par la Sécu comme antidépresseur homéopathique, Ouendan est un véritable concentré de peps qui vous file un sourire qui va d'une oreille à l'autre... pour peu qu'on ne désespère pas face à la difficulté de certaines chansons. Pour résumer : du point de vue du système de jeu, Ouendan est un rythm game corsé et au stylet, qui suit le principe éternel de taper sur quelque chose en suivant aveuglément des trucs à l'écran plus ou moins en accord avec la musique... et du point de vue de l'ambiance, Ouendan est un titre délirant et enchanteur, à l'humour universellement compréhensible, et qui n'a strictement aucune chance d'être diffusé hors Japon, encore moins indemne. Toutes les chansons sont en japonais, certains scénarios tapent dans le folklore, et le concept même du club rigoureusement organisé de supporters est absolument étranger à l'occident. Purement nippon, à la difficulté pour les joueurs confirmés, au genre à la limite de l'underground dans nos contrées... Autrement dit, l'exemple parfait du titre à se procurer en import.



Ce soir, session IRC dès 21 heures comme chaque dimanche sur #editotaku@irc.worldnet.net, mais vous pouvez aussi passer en entrant votre pseudo dans la case à gauche. Le sujet de ce soir : "De la difficulté à cuisiner une brioche", parce que purée c'est pas une sinécure de faire monter la pâte. Apportez vos Mario Kart DS ou vos photos de cosplays en groupes d'oendans, y'a toujours de la place pour ça.